Maurice Leblanc s'est inspiré du nom d'un conseiller municipal de la ville de Paris comme en témoigne les deux articles ci-dessous.
Paru dans Comoedia du 28/10/1908 (source : Gallica)
Extrait d'une interview de Maurice Leblanc
paru dans le Journal de Rouen du 07/11/1933 (source : Gallica)
Extrait d'un rapport du conseil municipal de Paris (source : Gallica)
Recueil des actes administratifs de la préfecture de la Seine de 1893 (source : Gallica)
Arsène Lopin (source : Bibliothèque de l'Hôtel de Ville de Paris)
Merci à Philippe Lampin pour cette découverte
Magazine Voici n°1739 du 2 avril 2021, page 31.
Dans La Comtesse de Cagliostro, Maurice Leblanc dit de Joséphine Balsamo « elle rappelait ces femmes de Vinci ou plutôt de Bernardino Luini ». Ce peintre est objectivement peu connu, aujourd’hui comme hier. Comment ce nom a-t-il pu arriver dans l'esprit de Maurice Leblanc ? Il faut pour cela remonter au XIXè siècle. Entre 1898 et 1901, Maurice Leblanc publiait plusieurs romans et recueils chez l'éditeur Ollendorf, en même temps qu’un certain Pierre Gauthiez (3 romans et un essai sur l’Italie au 16ème siècle). Il ne paraît pas absurde de se dire que ces 2 hommes, d’âge très proche (nés l’un en 1862, l’autre en 1864), ont vraisemblablement pu échanger durant ces 3 années chez le même éditeur et qu’ils ont pu continuer à se suivre dans les années « post-Ollendorf ». En 1905, Pierre Gauthiez sort chez Henri Laurens un ouvrage consacré à Bernardino Luini, dans lequel il précise (pages 8 et 9) que le surnom de ce peintre, élève de Léonard, était... « LUPINO ». Et en Juillet 1905, le 1er Arsène LUPIN paraît dans Je Sais Tout. Ce livre est-il passé entre les mains de Maurice Leblanc ?
Sujet sensible s'il en est. N'allez surtout pas dire oui aux afficianados de Jacob. Certains lupiniens prétendent que oui arguant que Leblanc aurait assisté au procès de Jacob. D'autres assurent que non allant jusqu'à dire que Leblanc n'avait même pas connaissance de Jacob lorsqu'il a créé son héros.
Sur ce dernier point, Maurice Leblanc était très certainement au courant du procès fleuve et très médiatique de Jacob, le verdict est prononcé le 4 juillet 1905 quelques jours avant la parution de l'arrestation d'Arsène Lupin le 15 juillet suivant.
Personnellement, je ne sais pas trop dans quel camp me ranger. Maurice Leblanc n'a pas utilisé dans ses romans les différent trucs de Jacob comme le coup du parapluie, les scellés sur les portes ou la vente de coffre-fort destinés à être revisités...
Inversement, ils ont de nombreux points communs, en plus d'être cambrioleurs, Lupin a le même coté anarchiste que Jacob, du moins à ses débuts, le même goût pour tourner la police en dérision, la même foule présente lors de leurs procès, ils signent tous deux leurs méfaits...
A vous de vous faire votre propre opinion.
Pour de plus amples détails, voir l'article de Jean-Marc Delpech intitulé Pour en finir avec Arsène lupin et repris dans l'Aiguille Preuve n°14 sous le titre Pour en finir avec Jacob... On s'en doute il se range clairement dans le camp du non.
Contrairement à ce qui est répété à plusieurs reprises par Maurice Leblanc, puis par d'autres pasticheurs, commentateurs ou cinéastes, Arsène Lupin a bel et bien tué. et à plusieurs reprises. La première fois, c'est dans 813 :
Au risque d’étrangler l’homme, il lui serra la gorge un peu plus, et un peu plus, et un peu plus encore. Et il sentit que toute la force de l’ennemi, que tout ce qui lui restait de force l’abandonnait. Les muscles du bras se détendirent, devinrent inertes. La main s’ouvrit et lâcha le poignard. Alors, libre de ses gestes, la vie de l’adversaire suspendue à l’effroyable étau de ses doigts, il prit sa lanterne de poche, posa sans l’appuyer son index sur le ressort, et rapprocha de la figure de l’homme. Il n’avait plus qu’à pousser le ressort, qu’à vouloir, et il saurait. Une seconde, il savoura sa puissance. Un flot d’émotion le souleva. La vision de son triomphe l’éblouit. Une fois de plus, et superbement, héroïquement, il était le Maître. D’un coup sec il fit la clarté. Le visage du monstre apparut. Lupin poussa un hurlement d’épouvante. Dolorès Kesselbach !
Ensuite, lorsqu'il officiait dans la légion étrangère en Afrique, il réalise un massacre. Cela nous est raconté dans Les dents du tigre (chapitre IV) :Sur sa prière on lui laissa une douzaine de fusils et on partagea avec lui ce qui restait de cartouches. Pour sa part, il en eut soixante-quinze. Le détachement s’éloigna sans être inquiété davantage. Le lendemain, quand on put revenir avec des renforts, on surprit les Marocains à l’affût autour de la kasbah. Ils n’osaient pas approcher. Soixante-quinze des leurs jonchaient le sol. On les chassa. Dans la kasbah on trouva le légionnaire Perenna étendu. On le supposait mort. Il dormait !!! Il n’avait plus une seule cartouche. Seulement les soixante-quinze balles avaient porté.
Un peu plus loin (chapitre XVI), il abat trois berbères :Ce qui se passa fut l’affaire de quelques secondes. Le chef à son tour se mit à rire comme j’avais ri, d’un rire sarcastique. Pour lui, dans le désordre de sa cervelle, ces deux revolvers dont je le menaçais, ne devaient pas et ne pouvaient pas avoir plus d’effet que les armes inutiles qui m’avaient épargné. Il ramassa un gros caillou, et leva la main, prêt à me le jeter à la figure. Et ses deux acolytes en firent autant. Et tous l’eussent également imité… - Bas les pattes, ou je tire ! criai-je. Le chef lança son caillou. Je baissai la tête. En même temps trois détonations retentirent. Le chef et ses deux acolytes tombèrent foudroyés.
Sans parler de la fois où, dans Le bouchon de Cristal, il a évité la guillotine à un de ses accolytes de manière radicale :Et alors il se produisit cette chose stupéfiante un coup de feu, un coup de feu qui partit d’en face, d’une maison opposée. Les aides s’arrêtèrent net. Entre leurs bras, le fardeau qu’ils traînaient avait fléchi. – Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’y a-t-il ? demandait-on. – Il est blessé… Du sang jaillissait au front de Vaucheray, et lui couvrait le visage. Il bredouilla : – Ça y est… dans le mille ! merci, patron, merci… j’aurai pas la tête coupée… merci, patron ! … Ah ! quel chic type !…
Puis, toujours dans Le bouchon de Cristal, il pousse Daubrecq au suicide :Il s’éloigna. Il n’avait pas fait cinquante pas que le bruit d’une détonation retentit. Il se retourna. Daubrecq s’était fait sauter la cervelle. – De profundis, murmura Lupin, qui enleva son chapeau.
C'était pour ne pas froisser Paul Gallimard (père de l'éditeur Gaston), directeur du théâtre des variétés et dont le nom a inspiré Ganimard. Etant donné la susceptibilité de Paul Gallimard et la façon dont l'inspecteur est tourné en ridicule dans la pièce, les auteurs, Maurice Leblanc et Francis de Croisset, ont préféré éviter l'incident diplomatique comme en atteste l'article ci-dessous. Notons que Guerchard est également présent dans l'opérette Arsène Lupin banquier.
Paru dans Comoedia du 28/10/1908 (source : Gallica)
Il existe actuellement 9 intégrales d'Arsène Lupin et 2 en cours de parution que j'ajouterai lorsqu'elle seront entièrement sorties. Selon vos critères le choix peut varier. A ce jour, aucune intégrale n'est exhaustive, du fait de sa parution tardive en 2012, les plus vieilles ne contiennent pas le dernier amour d'Arsène Lupin, une seule contient les Milliards d'Arsène Lupin (celle des éditions Robert Laffont) mais malheureusement dans une version incomplète. Enfin vous n'y trouverez pas les raretés comme Le pont qui s'effondre ou La Dent d'Hercule Petitgris (sauf celle des éditions Robert Laffont encore une fois). La plus ancienne est aussi la plus jolie, publiée en 1960 par les éditions Hachette. Elle se compose de 8 volumes qui une fois sur l'étagère forment des images des fascicules des premières éditions des romans.
La réponse courte est de suivre l'ordre chronologique et de ne pas oublier la pièce de théatre de 1908. Bien qu'il soit rarement fait référence à des évènements ayant eu lieu dans les épisodes précédents, on retrouve en revanche souvent, et avec plaisir, des personnages d'un roman à l'autre. Et rencontrer des personnages sans qu'ils vous aient été introduits est assez désagréable. On pourra me rétorquer que la comtesse de Cagliostro, le douzième roman de la saga, est présenté par Maurice Leblanc comme étant la véritable première aventure d'Arsène Lupin. Selon moi, cela ne justifie pas de commencer votre lecture par celui-là. Il faut faire attention à certaines biographie qui mentionnent une année de parution en 1921 pour les Dents du Tigre alors que celui-ci a été écrit en 1914 (et publié à l'étranger avant de l'être en France). Il fait donc suite au Bouchon de Cristal.
Il faut vous rendre sur le site, le blog ou la page facebook de l'Association des Amis d'Arsène Lupin (AAAL) qui édite ce précieux bulletin.
C'est malheureusement trop tard. Après 14 remises de 2006 à 2019, le prix Arsène Lupin de la Littérature Policière a tiré sa révérence officiellement le 6 avril 2020.
Si vous remarquez des manques ou des erreurs n'hésitez pas à me contacter. Je vous en remercie d'avance. © 2011 - 2025 Arsenelupingc